Le contournement de Beynac est un aménagement s’intégrant dans un projet plus global d’aménagement de la Voie de la Vallée de la Dordogne, entre Libourne en Gironde et le département du Lot via Sarlat.
Le Conseil Départemental de la Dordogne a étudié toutes les solutions envisageables. L’hypothèse souvent avancée consistant à effectuer le réaménagement de la voie des coteaux (RD25) reliant Saint-Cyprien et Sarlat s’est avérée très compliquée techniquement et extrêmement onéreuse. A contrario, le projet d’aménagement de la liaison entre Saint Vincent de Cosse et Sarlat, comprenant le contournement de Beynac a été retenu car jugé le plus satisfaisant aux niveaux technique, financier et environnemental tout en permettant la création d’une voie verte. Il a été déclaré d’Utilité Publique par arrêté préfectoral en date du 26 décembre 2001, et prorogé par arrêté préfectoral du 23 novembre 2006. Cette déclaration d’Utilité Publique est toujours valide.
Caractéristiques du projet
Le contournement de Beynac-et-Cazenac concerne la réalisation d’une déviation du bourg de Beynac par la création d’une nouvelle liaison routière de 3,2 kilomètres sur le territoire des communes de Saint-Vincent de Cosse, Castelnaud-la-Chapelle et Vézac. Il franchit à deux reprises la rivière de la Dordogne à l’aide d’ouvrages d’art (Pont du Pech à l’ouest et de Fayrac à l’est).
Le projet comprend, notamment, d’Ouest en Est :
- le recalibrage de la RD 703 entre le Tiradou et Monrecour sur 0,9 km,
- la création d’un giratoire à Monrecour, point d’ancrage ouest de la déviation de Beynac-et-Cazenac et point de départ de la voie verte,
- la réalisation d’une voie nouvelle sur 3,2 kilomètres (2 voies de 3 mètres et 2 accotements stabilisés enherbés) avec la construction de deux ouvrages d’art pour le franchissement de la Dordogne (Pont du Pech et de Fayrac) et d’un pont-rail (des Milandes) pour un passage sous la voie ferrée Sarlat/Bergerac (sous maîtrise d’ouvrage de SNCF Réseau),
- le traitement du carrefour de la « Treille » en tourne à gauche,
- le rétablissement des voies secondaires sur 1,250 kilomètre,
- la création de deux carrefours avec des voies spéciales de « tourne à gauche » au lieu-dit Grange des Vergnes, entrée Est de la déviation de Beynac pour le raccordement des voies de desserte de Beynac et La Roque Gageac,
- la réalisation d’une voie douce sur environ 3,5 kilomètres,
- la réalisation des équipements de collecte et de traitement des eaux de ruissellement de la plate-forme routière ainsi que les ouvrages de rétablissement des écoulements naturels interceptés par le projet routier (pour assurer la transparence hydraulique du projet),
- les aménagements paysagers et plantations de végétaux accompagnant l’insertion du projet.

Le parti pris de l’aménagement

Se développant sous l’œil de sites touristiques remarquables et particulièrement des châteaux de Beynac, Fayrac, Castelnaud-la-Chapelle et Marqueyssac, l’équipe de maîtrise d’œuvre lauréate du concours (SETEC TPI/Spielmann/Craquelin) a perçu toute l’importance des enjeux du programme d’aménagement et propose au-delà d’un aménagement routier parfaitement intégré à son environnement naturel et patrimonial, la réalisation d’une voie complétement indépendante dédiée aux modes de déplacement doux qui constitue un belvédère pour venir admirer tous les attraits du territoire.
« Conçue et imaginée dans son ensemble sur les 3,5 km, la liaison entre la RD 703 et la RD 49 accompagne le paysage existant sans « heurt », sans « effet architectural », sans « contraste », sans élément « choquant » en venant tout en douceur fondre et inscrire la nouvelle route à deux voies ainsi que la voie douce dans ce territoire du triangle d’or. Cette déviation sera très peu visible, voire invisible, en particulier des six châteaux présents aux alentours.
Les deux nouveaux ponts à construire sur la rivière, le Pont du Pech et celui de Fayrac, sont dessinés avec des travées alignées sur celles des deux ponts SNCF existants, avec des tabliers métalliques les plus élancés possibles pour laisser voir au mieux les tympans et les arcs des ponts SNCF maçonnés. De la sorte les nouveaux ponts sont comme « transparents ».
Ils ont chacun deux tabliers pour isoler et sécuriser les circulations douces des véhicules. Ils sont équipés de belvédères pour être en osmose avec les paysages et pour pouvoir stationner et admirer le cadre environnemental… Leur intrados est courbe pour s’harmoniser, dialoguer avec les arcs et avoir des reflets arrondis. Ils donnent ainsi l’impression de flotter, de danser d’une pile à l’autre sur les eaux…
Devant la Chapelle de Fayrac, un talus paysagé composé avec une crête sinueuse et arrondie est proposé pour bien cacher la voie communale ainsi que des terrasses du château et pour couper le bruit. Ce paysage composé sera modelé et planté de chênes, de charmes, de fusains et ira en s’affaissant jusqu’ à la Treille.
Les circulations de la voie douce sont prévues accompagnées d’arbres et d’arbustes. Des clôtures en bois l’isolent de la voie SNCF quand nécessaire… »
Maîtrise d’œuvre lauréate du concours (SETEC TPI/Spielmann/Craquelin)
Les motivations de l’opération
Le projet a été déclaré d’utilité publique en date du 26 décembre 2001, décision prorogée par arrêté préfectoral du 23 novembre 2006 et permet de répondre aux objectifs suivants :
- l’amélioration des conditions de circulation au droit du village de Beynac,
- le désengorgement de la traversée de la ville de Beynac ainsi que l’amélioration de la sécurité aux abords des falaises qui surplombent la route départementale.
Une opération qui s’intègre dans un projet global : la Voie de la Vallée de la Dordogne
Le projet de contournement de Beynac s’inscrit dans un projet plus global d’amélioration progressive de l’itinéraire routier Libourne/Bergerac/Souillac dit Voie de la Vallée de la Dordogne. Il n’existe pas d’alternative satisfaisante parallèle cohérente à cet itinéraire, ce qui le rend quasi incontournable pour relier Sarlat à Bordeaux, sa capitale de Région, et à Souillac, comme accès à l’autoroute A20.
L’étude socio-économique réalisée en amont du projet sur l’itinéraire Bergerac-Cazoulès-Souillac relève que :
- cet axe joue un rôle majeur dans l’économie du département compte tenu notamment de la vocation très touristique de cette région de Dordogne. Les temps de parcours sont longs compte tenu des caractéristiques inadaptées et hétérogènes des voies, de la succession des agglomérations traversées, du nombre (notamment en période estivale) et du gabarit des véhicules. Ils pèsent sur l’économie locale au bénéfice d’autres sites plus accessibles, L’amélioration de la fluidité du trafic a des incidences directes sur le développement des activités économiques et l’attrait touristique avec des retombées directes sur l’emploi ;
- l’Observatoire National Interministériel de Sécurité Routière estime que la diminution de l’accidentalité est directement liée à l’amélioration du réseau routier et un nombre important de tués est notamment répertorié sur la section Bergerac-Lalinde au niveau des carrefours et des traversées de zones résidentielles ou commerciales ;
- les nuisances aux riverains de cet axe sans aménagement sont nombreuses en plus de l’insécurité : bruit, pollution, bourgs coupés en deux.
Une opération qui captera une partie du trafic, inadapté dans la traversée du bourg de Beynac
Le bourg de Beynac est aujourd’hui traversé par une importante circulation et de nombreux poids-lourds. Outre le fait que les véhicules de forts gabarits ont du mal à se croiser, le projet a aussi pour objet de libérer Beynac et ses habitants des pollutions et des dangers produits par cette circulation de transit.

Une opération qui réduit l’exposition des biens et personnes aux risques des falaises surplombant la route départementale
Face à un risque majeur et pour limiter les conséquences des catastrophes (matériels et humains), il est nécessaire de limiter l’exposition des biens et des personnes. Dès les premières études et notamment dans le rapport du professeur Lévêque en 1991, il est conclu à la chute inéluctable de blocs rocheux provenant de la falaise de Beynac « dans un avenir impossible à préciser ».
Face à un risque majeur et pour limiter les conséquences des catastrophes (matériels et humains), il est nécessaire de limiter l’exposition des biens et des personnes. Dès les premières études et notamment dans le rapport du professeur Lévêque en 1991, il est conclu à la chute inéluctable de blocs rocheux provenant de la falaise de Beynac « dans un avenir impossible à préciser ».

À Beynac, le Plan de Prévention des Risques approuvé par arrêté préfectoral du 19 février 2010 classe en zone à risque fort l’ensemble des falaises surplombant le village de Beynac. Par ailleurs, des éboulements sont survenus en 1993 et 1996 au niveau de la falaise du Pech (falaise riveraine sur la commune de Saint-Vincent de Cosse). Deux nouvelles études réalisées par le bureau d’études Géolithe sur les falaises du Pech, sur la commune de Saint Vincent de Cosse ont confirmé les aléas et risques.
Ces données ont été confortées par l’étude menée par le cabinet d’experts-géologues Géolithe qui a réalisé un diagnostic de la fragilité des falaises bordant la RD703 à Saint-Vincent-de-Cosse et Beynac-et-Cazenac. Les conclusions sont sans appel : la probabilité qu’un éboulement se produise sous un délai plus ou moins court est particulièrement élevé sur ce secteur.
Une opération complémentaire à l’aménagement de la traverse
Les objectifs principaux poursuivis par l’aménagement communal aujourd’hui réalisé sont de sécuriser le cheminement des piétons par la réalisation d’une promenade le long de la Dordogne, de mettre en valeur le patrimoine du village, en supprimant l’encorbellement inesthétique existant préalablement au-dessus de la rivière Dordogne.
L’aménagement communal de la traverse du bourg n’a pas permis de fluidifier le trafic sur la route départementale du fait notamment des deux points noirs qui perdurent :
- au droit du restaurant Maleville, au point le plus contraint, la chaussée est toujours de 4,80 mètres. Un étranglement perdure et la difficulté de croisement des véhicules n’a pas été réglée, notamment du fait du maintien des bâtiments entre route et Dordogne.
- coté Est, dans le virage, la chaussée est certes élargie à 6 mètres mais la hauteur du mur de protection incite les véhicules à se déporter sur la voie. L’effet paroi n’améliore pas, là encore, la fluidification du trafic.
- par ailleurs, l’aménagement communal n’a pas permis de sécuriser le cheminement des piétons coté commerces au niveau du restaurant Maleville.
Quelles sont les procédures réalisées ?
Après une première Déclaration d’Utilité Publique obtenue en 1990, le projet, a été soumis à enquête préalable du 4 décembre 2000 au 12 janvier 2001. Il a ensuite été déclaré d’Utilité Publique par arrêté préfectoral le 26 décembre 2001, confirmée par décision du Conseil d’Etat du 23 décembre 2010.
D’autre part, le dossier constitué, a reçu des avis favorables de l’ensemble des instances consultatives et notamment :
- de la Commission Départementale de la Nature et des Sites (CDNPS) le 13 décembre 2016,
- de l’Architecte des Bâtiments de France les 15 décembre 2016 et 19 janvier 2017,
- de l’Autorité Environnementale (AE) le 27 mars 2017,
- du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) les 20 mars 2017 et 18 juillet 2017,
- du Ministère chargé de la protection de la Nature (Loutre d’Europe) en avril 2017.
La Commission d’enquête a rendu un avis favorable le 20 novembre 2017, à l’issue de l’enquête publique unique qui s’est déroulée entre 21 août 2017 au 17 octobre 2017.
Le Conseil Départemental de l’Environnement des Risques Sanitaires et Technologiques (CODERST) réuni à l’initiative de la Préfecture s’est prononcé favorablement sur le projet en date du 22 décembre 2017 et dans ces conditions, le projet a obtenu les autorisations administratives suivantes :
- Permis d’Aménager (PA) sur les communes de Castelnaud-la-Chapelle et de Vézac, le 18 janvier 2018,
- Autorisation Unique Installations, Ouvrages, Travaux, Aménagements (AU/IOTA), par arrêté préfectoral en date du 29 janvier 2018.